Prévenir les addictions dans mon entreprise

Dr Véronique KUNZ
Médecin du travail
Centre de Plan de Campagne

Bonjour Dr Kunz, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis médecin en santé au travail et pilote le groupe de travail « SPA » de notre service. Ce groupe pluridisciplinaire (composé de médecins du travail, infirmières, ASST), créé en 2013 dans le cadre du projet de service, est référent sur la question des Consommations des Substances Psycho Actives (SPA) et des Conduites Addictives en milieu professionnel.

C’est quoi les SPA et quels sont les dangers ?

Une Substance Psycho Active est un produit, licite ou illicite, qui agit sur le cerveau, peut modifier le comportement et également engendrer une dépendance. En milieu professionnel, les 3 substances les plus consommées sont l’alcool, le cannabis et les médicaments psychotropes.

L’usage de ces psychotropes dans le milieu professionnel et/ou dans le cadre privé peut générer des risques, notamment des accidents, pour le salarié ou les personnes environnantes, dus à l’altération des capacités.

Comment accompagnez-vous les entreprises dans la prévention du risque SPA ?

Nous avons construit une « mallette SPA » avec des fiches explicatives, très pratico-pratiques, dédiées aux employeurs et à leurs salariés.

Elles apportent toutes les connaissances récentes sur les liens entre les conditions de travail et les consommations de SPA et doivent convaincre les entreprises de la nécessité de mettre en place une démarche spécifique de Prévention sur cette thématique.

En effet, rappelons que l’employeur doit « assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs » (article L 4121-1 du Code du travail), avec une obligation de moyens renforcés.

Cette démarche doit s’appuyer sur 3 volets de prévention :

  1. La prévention primaire permettant, d’une part, de l’information pérenne sur cette question et d’autre part, un vrai questionnement sur les facteurs professionnels favorisants éventuellement des consommations. Celles-ci peuvent alors représenter une ressource et/ou un risque ! Le DUERP est un support utile et adéquat.
  2. Un volet management encadrant la politique des consommations dans l’entreprise et indiquant des conduites à tenir aidantes.
  3. Un volet accompagnement des personnes en difficultés avec en particulier le réflexe d’une orientation précoce vers le médecin du travail.

Est-ce un sujet que vous abordez aussi en consultation individuelle ?

Bien sûr ! Les infirmiers et les médecins du travail ont même l’obligation d’évaluer systématiquement le mode de consommations de SPA des salariés pendant leurs entretiens cliniques.

Cela fait partie de nos missions. Nous orientons ensuite le conseil et l’accompagnement en fonction de cette évaluation et de l’interaction entre le poste ou les conditions de travail et cette consommation.

De quelle façon peut-on bénéficier d’un accompagnement de votre part ?

Sur le plan individuel, en cas d’inquiétude santé ou sécurité, le médecin du travail de l’entreprise peut recevoir à tout moment un salarié à la demande de l’employeur (après un échange préalable nécessaire). Le salarié peut également initier la demande de consultation. Celle-ci est confidentielle et pourra être suivie d’autres rendez-vous.

Sur le plan collectif, l’employeur peut solliciter son équipe santé travail pour un accompagnement au sein de son entreprise ou toute question sur la « mallette SPA », facilitant la mise en place de la démarche de prévention.

Ces informations vous-ont elles été utiles ?