INTERVIEW CROISÉE

Hassan ABBAD (Directeur de la Résidence Germaine Poinso Chapuis – ARI) et Dorothée TESTE (Psychologue du travail à ST Provence)

« Avec ST Provence, on a bénéficié d’un véritable accompagnement en période difficile. »

Suite à la succession d’évènements graves, le tout dans une année de crise sanitaire (covid-19) particulièrement difficile, la Résidence Germaine Poinso Chapuis (ARI), foyer d’accueil pour personnes adultes en situation de handicap, a fait appel à la Cellule d’Ecoute et de Soutien d’Urgence Psychologique (CESUP) de ST Provence. Hassan ABBAD, Directeur de l’établissement, revient sur l’accompagnement dont ont pu bénéficier ses équipes.  

Comment avez-vous connu la Cellule d’Ecoute et de Soutien d’Urgence Psychologique de ST Provence ?

Hassan ABBAD (H.A.) : En début d’année (mars 2021), une infirmière de ST Provence nous a rendu visite pour réaliser la « Fiche Entreprise » (FE). À ce moment-là, on était dans une période un peu trouble et assez complexe avec la crise sanitaire. Beaucoup d’incertitudes, de contraintes de fonctionnement et plusieurs confinements ont fortement impacté la vie du foyer, que ce soit pour nos résidents et leurs familles que pour les accompagnants, c’est-à-dire nos équipes. On venait également d’avoir plusieurs évènements graves (décès inattendus) au sein de l’établissement. J’ai donc échangé avec l’infirmière qui m’a orienté vers la CESUP de ST Provence. J’ai ensuite directement contacté le médecin du travail et sollicité la mise en place d’un accompagnement psychologique pour les salariés de la résidence.

Quelles sont les mesures d’accompagnement psychologique qui ont été mises en place et comment se sont-elles déroulées ?

H.A. : Les mesures d’accompagnement psychologiques individuelles et collectives proposées par Madame Teste, psychologue du travail à ST Provence, m’ont semblé tout de suite efficaces et intéressantes. Tout d’abord, une permanence téléphonique spécifique a été ouverte très rapidement pour tous les salariés de l’établissement. Ils pouvaient prendre contact avec la psychologue s’ils le souhaitaient pour pouvoir échanger. Ensuite, des rendez-vous d’écoute individuelle ont été organisés sur place pour permettre aux salariés qui en ressentaient le besoin, de prendre du temps sur leur lieu de travail pour rencontrer la psychologue. En parallèle, et de manière moins informelle, la présence des psychologues (Madame Teste et Madame Caillat) dans nos locaux a permis de libérer la parole et d’échanger, par exemple dans les couloirs, avec ceux qui à la base n’en ressentait pas forcément le besoin. Enfin, des groupes de parole ont été organisés, dans les jardins de la résidence.

Dorothée TESTE (D.T.) : En effet, lorsque nous intervenons en entreprise, nous proposons différentes solutions basées sur l’écoute mais aussi sur le partage d’expérience. C’est le cas des « groupes de parole » qui ont la fonction de revisiter un évènement grave pour le partager et commencer à « l’intégrer ou le digérer ». Ces groupes participent aussi à la décharge émotionnelle qui peuvent contribuer à un retour progressif vers l’apaisement. Partager les souvenirs permet également de trouver des ressources auprès de ses collègues pour pouvoir rebondir, peut-être plus facilement qu’individuellement. Souvent, les personnes se sentent soudées d’avoir vécu la même chose.

Comment les salariés de la Résidence ont-ils été informés de ces permanences ?

H.A. : J’ai transmis un mail à tous les salariés de la résidence et je les ai aussi informés individuellement (surtout ceux impactés directement par les évènements graves) de ce qu’on allait mettre en place avec ST Provence : les permanences téléphoniques, les interventions des psychologues, les groupes de parole collectifs… On a beaucoup accompagné la démarche. Et en même temps, je tenais à ce que chacun sache que ça leur était proposé et non imposé.

D.T. : Le soutien de la direction de l’établissement participe à la réussite de la démarche d’accompagnement psychologique. C’est un des facteurs de protection et d’aide essentiel pour les salariés touchés par des évènements graves. Habituellement, nous prenons beaucoup de temps à sensibiliser la direction, ce qui n’a pas été le cas pour cette intervention car Monsieur Abbad était déjà très impliqué pour le bien-être de ses salariés. La résidence Germaine Poinson Chapuis a pu s’appuyer sur les relations authentiques et familiales existantes entre les équipes, ce qui a facilité la mise en place de la démarche.

Avez-vous perçu un bénéfice à la suite de cet accompagnement ?

H.A. : Oui. Les retours ont été très positifs. Et ce qui a été aussi intéressant dans cet accompagnement, c’est son « effet boule de neige ». En effet, même les salariés qui n’ont pas souhaité utiliser la permanence d’écoute ou participer aux entretiens individuels ou aux groupes de parole ont aussi bénéficier indirectement des effets positifs du dispositif grâce aux retours de leurs collègues, qui eux, y ont participés. Les échos des séances de soutien ont pu les aider indirectement. Le « mieux être » est contagieux !

Seriez-vous prêt à recourir de nouveau à votre Service de Santé au Travail ?

H.A. : Sans hésiter ! La richesse des solutions mises en place par ST Provence et sa réactivité ont aidé nos salariés à passer un cap. Ils se sont sentis accompagnés et soutenus, par une aide extérieure, par un professionnel, qui utilise d’autres mots et aborde les choses d’une autre façon sur ce type de situation. C’est aussi ça qui a fait la différence avec ST Provence.

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